Guide pratique pour gérer le budget familial face à la hausse du coût de la vie en Belgique

Guide pratique pour gérer le budget familial face à la hausse du coût de la vie en Belgique

On ne va pas se mentir : le coût de la vie en Belgique a explosé. Courses, énergie, loyer, activités des enfants… tout augmente, sauf la charge mentale. Elle, elle est déjà au maximum.

Dans cet article, je te propose un guide très concret pour reprendre un peu la main sur le budget familial. Pas de théories compliquées, juste des chiffres, des outils simples et des idées testées dans la vraie vie (celle où on finit parfois le mois avec des pâtes au beurre, soyons honnêtes).

Le vrai problème : on ne sait plus où part l’argent

Avant de parler d’économies, il faut être clair : le problème n’est pas que tu gères mal ton argent. Le problème, c’est que TOUT coûte plus cher, très vite.

En Belgique, ces derniers mois :

  • le prix des courses a augmenté de manière continue,
  • les factures d’énergie restent lourdes,
  • les loyers et les crédits sont de plus en plus élevés,
  • les activités des enfants (stages, sport, extrascolaire) pèsent de plus en plus.

Résultat : on a parfois l’impression de travailler juste pour payer les factures. Et d’être « nul·le » si on n’arrive pas à mettre de côté. Spoiler : tu n’es pas nul·le. Le contexte est compliqué, point.

Par contre, on peut s’organiser pour que ce soit un peu moins violent chaque mois.

Étape 1 : voir clair dans ton budget (sans tableau Excel compliqué)

On commence simple. Pas besoin d’être comptable. L’idée, c’est de savoir :

  • ce qui entre chaque mois,
  • ce qui sort obligatoirement,
  • ce qui reste vraiment pour vivre.

Tu peux faire ça sur une feuille A4, un Google Sheet ou une appli, peu importe. L’important, c’est que ce soit clair pour toi et ton/ta partenaire.

1. Liste ce qui entre chaque mois

En Belgique, pense à TOUT noter :

  • salaires nets,
  • allocations familiales (FAMIWAL, FONS, Groeipakket… selon ta région),
  • allocations de chômage ou mutuelle,
  • pension alimentaire reçue,
  • éventuels chèques-repas, éco-chèques (à valoriser),
  • prime de logement, bourses d’études, etc.

2. Liste les charges fixes

Tout ce qui tombe chaque mois, quasi au même montant :

  • loyer ou crédit,
  • électricité, gaz, eau,
  • assurance habitation, voiture, hospitalisation,
  • abonnements (GSM, internet, streaming, salle de sport, etc.),
  • crèche, garderie, école (frais réguliers, repas),
  • transport (abonnement STIB/TEC/De Lijn/SNCB, carburant approximatif).

Additionne tout ça. Soustrais du total qui entre. Ce qui reste, c’est ton budget « vie réelle » : courses, vêtements, médicaments, loisirs, imprévus.

3. Suivre les dépenses sans y passer ta vie

Si tu n’as jamais suivi ton budget, commence simple : une seule catégorie à suivre, par exemple les courses.

  • Fixe un budget courses par semaine (ex : 150 € pour une famille de 4).
  • Note chaque ticket dans une appli (par exemple Bankin’, Linxo, ou tout simplement les catégories de ton application bancaire).
  • Après 1 mois, regarde si ton montant était réaliste.

Petit truc qui m’a aidée : payer les courses avec une seule carte de banque dédiée. Comme ça, je vois directement ce que ça donne dans l’appli, sans trier 50 tickets.

Étape 2 : adapter le budget à la Belgique (profiter de ce qui existe)

En Belgique, on a un système un peu compliqué… mais avec des aides qui peuvent vraiment soulager. Beaucoup de familles n’y touchent pas parce qu’elles ne savent même pas qu’elles y ont droit.

Vérifie tes droits aux aides

Quelques pistes à explorer :

  • Tarif social énergie : si tu es bénéficiaire de certaines allocations (CPAS, GRAPA, handicap, etc.), tu peux avoir un tarif réduit pour l’électricité et le gaz. Infos sur le site du SPF Économie.
  • CPAS : ce n’est pas que pour « les autres ». Aide pour payer une facture d’énergie, une caution de logement, des soins de santé, une facture scolaire… Tu peux demander un rendez-vous même si tu travailles.
  • Réductions communales : certaines communes offrent des réductions pour les stages, crèches, sports, piscines, écoles de devoirs… Renseigne-toi au service population ou sur le site communal.
  • Interventions de la mutuelle : remboursement partiel des lunettes des enfants, des séances de kiné, de psychologue, du sport, stages, etc. Chaque mutuelle a ses propres avantages.
  • Allocations d’études : si tu as des enfants en secondaire ou supérieur, regarde les bourses d’études possibles selon ta Région.

Optimiser les déplacements

Avec le prix de l’essence, parfois, un abonnement transport en commun revient moins cher qu’une voiture utilisée au quotidien.

  • Regarde les abonnements scolaires ou « famille » STIB/TEC/De Lijn/SNCB.
  • Pour les ados, il existe souvent des abonnements très réduits (parfois 12 € par an à Bruxelles, par exemple).
  • Calcule le coût réel de ta voiture : carburant + assurance + entretien + taxes + parking. Tu risques d’être surpris.

Pas pour dire « il faut vendre la voiture », juste pour voir où va l’argent et où tu peux adapter un peu.

Étape 3 : réduire les gros postes sans se pourrir la vie

Tu n’as pas besoin de couper tout plaisir pour faire des économies. L’idée, c’est d’agir là où ça a le plus d’impact : l’énergie, les courses, les abonnements.

1. L’énergie : jouer malin avec les contrats

  • Comparer ton contrat sur des comparateurs belges (par exemple sur le site de la CREG ou des comparateurs privés). Tu peux parfois gagner plusieurs centaines d’euros par an en changeant de fournisseur ou de type de contrat.
  • Adapter ta consommation sans vivre dans le noir :
    • mettre un minuteur pour le chauffe-eau électrique,
    • baisser le chauffage d’1 degré (on économise déjà pas mal),
    • remplir les machines à laver, laver à 30° quand possible,
    • installer des multiprises avec interrupteur pour couper les veilles.

Chez nous, juste en baissant le chauffage d’1 degré et en programmant le boiler, on a réduit de presque 25 % la facture annuelle. Sans pull en laine qui gratte, promis.

2. Les courses : organiser sans devenir chef étoilé

Ce poste-là, il fait mal. Mais c’est aussi celui sur lequel on a le plus de marge.

  • Faire un menu simple pour la semaine avec 5 repas « maison » faciles (pâtes, soupe, quiche, gratin, riz + légumes + protéine). Laisse 2 soirs ouverts pour les restes ou les imprévus.
  • Établir une liste et s’y tenir (en évitant d’aller faire les courses le ventre vide).
  • Choisir les marques de distributeur pour la majorité des produits (pâtes, riz, conserves, produits ménagers basiques).
  • Regarder le prix au kilo, pas juste le prix affiché.
  • Miser sur les protéines moins chères : œufs, lentilles, pois chiches, fromage frais, poulet plutôt que bœuf, etc.

Un exemple concret pour une famille de 4 :

  • Menu 1 : soupe de légumes + œufs brouillés + pain.
  • Menu 2 : pâtes bolo (avec un peu moins de viande, un peu plus de légumes et de sauce tomate).
  • Menu 3 : riz aux légumes + restes de poulet.
  • Menu 4 : quiche aux légumes sur pâte toute faite.
  • Menu 5 : gratin de pommes de terre + carottes + fromage râpé.

Ce n’est pas Instagrammable, mais ça nourrit, c’est équilibré et beaucoup moins cher que des plats préparés.

3. Les abonnements fantômes

On sous-estime souvent ce qu’on paie tous les mois sans vraiment s’en rendre compte.

  • Liste tous tes abonnements : streaming, apps, journaux, box beauté, jeux, cloud, etc.
  • Pour chacun, demande-toi : « Est-ce que je m’en sers VRAIMENT ? »
  • Si la réponse est non ou « bof », résilie. Même 10 € par-ci, 7 € par-là, à la fin de l’année ça fait un beau montant.

Petit tip : mets un rappel dans ton agenda 10 jours avant chaque reconduction d’abonnement annuel pour pouvoir annuler à temps si besoin.

Étape 4 : impliquer toute la famille (sans stresser les enfants)

Le budget, ce n’est pas que l’affaire des parents. Mais pas question non plus de faire porter l’angoisse financière aux enfants.

Parler d’argent avec les enfants, simplement

Quelques phrases que tu peux utiliser :

  • « On fait attention à notre argent en ce moment, donc on va choisir une seule activité payante ce mois-ci. »
  • « On garde ça pour ton anniversaire / la Saint-Nicolas. »
  • « On ne peut pas tout acheter, même si on travaille. On choisit ce qui est important. »

Tu peux aussi les impliquer :

  • en leur donnant un petit budget pour la kermesse de l’école (« Tu as 5 €, tu choisis ce que tu veux faire avec »),
  • en leur expliquant pourquoi on éteint la lumière, pourquoi on finit le tube de dentifrice, etc.

L’idée, ce n’est pas de leur faire peur, mais de les rendre conscients que l’argent n’est pas illimité.

Mettre le/la partenaire dans la boucle

Si tu gères tout seul·e, la charge mentale explose. Quelques pistes :

  • Faire un point budget à deux une fois par mois (30 minutes max).
  • Se répartir des tâches : l’un gère les comparateurs d’énergie, l’autre les menus et les courses.
  • Arrêter le « chacun paie ce qu’il veut » si ça crée un déséquilibre et une rancœur.

Le but, c’est de jouer en équipe. Même si vous ne gagnez pas à l’EuroMillions, vous garderez au moins votre couple.

Étape 5 : prévoir un minimum de marge, même petite

Quand on est déjà ric-rac, « épargner » semble presque insultant. Pourtant, avoir ne serait-ce que 10 ou 20 € de côté peut faire une vraie différence quand une tuile arrive.

Créer un mini-fonds d’urgence

  • Ouvre un compte épargne séparé (gratuit dans la plupart des banques).
  • Programme un virement automatique, même tout petit : 10, 20 ou 30 € le jour où tu reçois ton salaire.
  • Ne touche à cet argent que pour les vraies urgences : machine à laver qui lâche, facture médicale, réparation de voiture indispensable.

Le but à terme idéalement : avoir 1 mois de dépenses fixes de côté. Mais si tu es à 0 aujourd’hui, déjà atteindre 200 €, c’est une victoire. On avance pas à pas.

Se préparer aux grosses dépenses prévues

En Belgique, on sait que certains mois sont pires que d’autres :

  • septembre avec la rentrée,
  • décembre avec les fêtes,
  • les mois de stages de vacances,
  • les assurances annuelles, taxe de circulation, etc.

Tu peux lisser ça sur l’année :

  • Calcule le coût annuel (ex : 400 € de stages d’été + 200 € de matériel scolaire + 200 € de cadeaux de fin d’année = 800 €).
  • Divise par 12 (ici, environ 70 €/mois).
  • Chaque mois, mets ce montant sur un compte « dépenses annuelles ».

Le jour où tu reçois la grosse facture, tu seras fâché·e… mais pas en panique.

Étape 6 : penser à long terme sans se faire peur

Je sais, quand on peine à finir le mois, parler de pension ou d’investissement, ça semble hors-sol. Pourtant, en Belgique, il y a quelques leviers à connaître, même juste pour ne pas perdre d’argent.

Vérifier ta future pension

Connecte-toi sur mypension.be (avec ta carte d’identité ou Itsme) :

  • Tu y vois ta carrière,
  • une estimation de ta pension,
  • tes périodes de chômage, maladie, congé parental, etc. qui comptent ou non.

Ça ne va pas doubler ton revenu, mais ça te permet d’anticiper certaines choses (par exemple, voir si un temps partiel prolongé a un gros impact ou pas).

Utiliser les avantages fiscaux quand c’est possible

Si tu as un peu de marge (et seulement dans ce cas-là), tu peux regarder :

  • l’épargne-pension (petit montant par mois, réduction d’impôts à la clé),
  • l’épargne à long terme (liée par exemple à un crédit hypothécaire),
  • les assurances hospitalisation ou complémentaires via l’employeur.

Là, l’idée n’est pas d’entrer dans les détails techniques, mais de te rappeler qu’en Belgique, il y a pas mal d’avantages fiscaux… si on les connaît. Un rendez-vous gratuit avec un·e conseiller·ère de ta banque peut déjà te donner un premier aperçu (en gardant ton esprit critique, bien sûr).

Faire le point : un budget familial plus respirable, c’est possible

Gérer un budget en période de hausse du coût de la vie, ce n’est pas un « projet de développement personnel ». C’est souvent une question de survie, et ça peut être lourd, surtout avec des enfants.

Retenons l’essentiel :

  • Tu n’es pas responsable de l’inflation, des taux d’intérêt ou des prix de l’énergie.
  • Tu peux par contre reprendre du pouvoir sur ce que tu peux contrôler : suivre ton budget, comparer tes contrats, profiter des aides belges, revoir les gros postes.
  • Tu n’as pas besoin de tout faire en même temps : choisis UNE action cette semaine (par exemple : vérifier ton fournisseur d’énergie ou lister tes abonnements).
  • Parler d’argent en couple et en famille, calmement, c’est déjà une énorme avancée.

Et si tu as parfois l’impression de ramer, rappelle-toi que tu n’es pas le/la seul·e. On compose tous les jours avec une réalité économique compliquée. L’important, c’est d’avoir quelques outils pour que le quotidien reste vivable, pour toi et pour tes enfants.

Si tu veux, tu peux te faire un petit plan d’action dès maintenant :

  • Cette semaine : je fais la liste de mes revenus et de mes charges fixes.
  • La semaine prochaine : je compare mon contrat d’énergie.
  • Le mois prochain : je mets en place un virement automatique, même petit, vers un compte épargne.

Pas besoin d’être parfait·e. Juste d’avancer, un pas après l’autre.