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Concilier coparentalité et garde alternée : conseils de familles belges pour préserver les enfants

Concilier coparentalité et garde alternée : conseils de familles belges pour préserver les enfants

Concilier coparentalité et garde alternée : conseils de familles belges pour préserver les enfants

La garde alternée, sur le papier, ça peut paraître simple : une semaine chez papa, une semaine chez maman. En vrai, surtout en Belgique avec nos horaires décalés, nos trajets boulot-école interminables et les valises de doudous, c’est un vrai casse-tête émotionnel et logistique. Pour les parents… mais surtout pour les enfants.

Dans cet article, on va parler concret : comment concilier coparentalité et garde alternée sans exploser en plein vol, en s’appuyant sur des témoignages de familles belges et sur ce qui revient le plus souvent dans vos messages.

Coparentalité et garde alternée : de quoi parle-t-on vraiment ?

En Belgique, on parle de coparentalité quand les deux parents continuent à exercer ensemble l’autorité parentale, même séparés. Ça ne veut pas dire « tout est à 50/50 tout le temps », mais :

La garde alternée, c’est une façon d’organiser concrètement cette coparentalité. Elle peut être :

En Belgique, le Tribunal de la famille favorise assez souvent la garde alternée quand les deux parents sont d’accord et vivent à une distance raisonnable. Mais là encore, ce qui compte vraiment, ce n’est pas la « belle égalité » sur le papier, c’est : est-ce que l’enfant se sent en sécurité, écouté, et pas pris au milieu ?

Quelques questions utiles à se poser ensemble :

Ce que disent les familles belges (et que les juges ne voient pas)

Depuis que j’écris pour Triple P Magazine, je reçois beaucoup de messages de parents séparés. Ce qui revient le plus souvent :

Ce que ça montre :

Une maman de Liège m’a confié : « On s’est pris la tête pendant des mois pour savoir si on faisait du 7/7, du 2-2-3… Jusqu’au jour où on a demandé à notre fille de 8 ans ce qui la stressait le plus : le changement de maison le vendredi, trop près de l’école. On a tout déplacé au dimanche, et la tension a baissé d’un coup. »

Poser un cadre clair entre parents (et arrêter de rejouer la séparation)

Coparenter, ce n’est pas rester en couple. C’est accepter qu’on ne sera plus jamais d’accord sur tout… mais qu’on a une mission commune : protéger son enfant du conflit.

Ce qui aide vraiment, d’après les parents que j’ai interrogés :

Une astuce qu’on m’a donnée et que j’aime beaucoup :

On peut aussi fixer des règles simples, par écrit, par exemple :

Ça a l’air basique, mais dans le feu des émotions, ça sauve des semaines entières de tension.

Organiser la garde alternée sans épuiser les enfants

Sur la question du rythme, les familles belges que j’ai interrogées reviennent toutes sur la même idée : moins de transferts = moins de fatigue pour l’enfant.

Concrètement :

Une maman bruxelloise m’a expliqué : « Nos deux enfants avaient des activités sportives dans deux communes différentes. On s’épuisait tous à faire des traversées de Bruxelles. On a fini par décider : chaque enfant garde ses activités dans la commune de papa, un seul transfert par semaine, toujours le dimanche soir, point. On a perdu un peu en ‘équité’, mais gagné en sérénité. »

Petite check-list pour voir si votre organisation est soutenable :

Beaucoup de parents affichent un calendrier papier dans les deux maisons, avec des couleurs différentes : bleu pour papa, rouge pour maman. C’est simple, visuel, et rassurant pour les plus jeunes.

Limiter le sac de voyage (et le fameux doudou oublié)

Un des gros points noirs de la garde alternée : le sac qui fait l’aller-retour. Avec dedans :

Les familles qui s’en sortent le mieux m’ont toutes parlé de la même stratégie : dupliquer au maximum.

Concrètement, dès que c’est possible :

Pour l’école, certaines familles belges ont mis en place :

Pour les doudous, on me pose souvent la question : « On en achète deux ou pas ? » Ça dépend des enfants. Certains acceptent un « doudou de chez papa » et un « doudou de chez maman ». D’autres non. On peut leur proposer, sans forcer :

Préserver le lien avec chaque parent (même quand ce n’est pas « son » jour)

Un enfant en garde alternée a souvent une peur silencieuse : « Est-ce que papa/maman va m’oublier quand je ne suis pas là ? » Pour apaiser ça, beaucoup de familles mettent en place des petits rituels de lien, sans empiéter sur le temps de l’autre.

Quelques idées testées :

Une famille de Namur a mis en place une boîte aux lettres virtuelle : « On a créé une adresse mail commune, nos deux enfants s’y envoient des messages, des photos, des blagues. On répond tous les deux parfois, ils savent qu’on est là même quand on ne se voit pas. »

L’important : éviter que ces rituels deviennent intrusifs. Par exemple, appeler tous les soirs pendant 30 minutes sur le temps de coucher de l’autre parent peut vite créer des tensions… et perturber l’endormissement.

Gérer les émotions des enfants (sans les charger des nôtres)

La garde alternée remue beaucoup de choses chez les enfants : tristesse, colère, loyauté partagée, peur de décevoir. Leur offrir un espace sûr pour en parler, c’est une des clés de la coparentalité respectueuse.

Quelques phrases qui aident, entendues chez des parents belges :

Ce qui est important d’éviter :

Beaucoup de parents disent aussi que consulter un tiers neutre aide énormément :

En Belgique, certaines mutuelles remboursent une partie des séances chez le psy pour les enfants. Ça vaut la peine de se renseigner.

Coparentalité et argent : mettre les cartes sur table sans exploser

L’argent est souvent le sujet le plus explosif. Pourtant, il impacte très concrètement les enfants : fournitures scolaires, vêtements, activités, frais médicaux…

En Belgique, les réalités varient : entre la domiciliation officielle (utile pour les allocations familiales, les réductions communales, etc.) et la garde alternée « de fait », beaucoup de parents sont perdus.

Quelques points à clarifier ensemble, si possible avec un tiers (notaire, médiateur, avocat) :

Quelques familles m’ont parlé d’un « compte enfants » alimenté chaque mois par chacun des parents, au prorata de leurs revenus. Sur ce compte, on paye :

L’avantage : on ne renégocie pas tout à chaque facture. On peut même décider ensemble d’un petit budget « plaisir » pour les enfants (cinéma, livres, sortie spéciale).

Adapter l’organisation à l’âge… et l’oser la faire évoluer

Une erreur fréquente : figer l’organisation décidée au moment de la séparation, alors que les enfants grandissent et que les emplois du temps changent.

Dans les témoignages reçus, beaucoup de parents belges ont ajusté leur garde alternée tous les 2-3 ans :

On peut tout à fait dire à son enfant :

Et, entre parents :

Ça peut être aussi simple qu’un café d’une heure, calendrier à la main, sans les enfants.

Quand ça coince vraiment : demander de l’aide en Belgique

Parfois, malgré toute la bonne volonté du monde, la coparentalité se grippe : conflit chronique, non-respect des horaires, enfant qui refuse d’aller chez l’un ou l’autre, communication impossible.

En Belgique, plusieurs ressources existent :

Une maman m’a dit une phrase qui m’a marquée : « On a attendu trop longtemps avant d’aller voir une médiatrice. On avait déjà fait trop de dégâts avec nos disputes. Si c’était à refaire, j’irais dès les premières tensions sérieuses. »

Demander de l’aide, ce n’est pas « échouer sa séparation ». C’est justement prendre au sérieux la mission de parent, au-delà de la colère ou des blessures.

En garder pour soi aussi : un parent plus apaisé, c’est un enfant plus serein

On l’oublie souvent, mais la meilleure chose qu’on puisse offrir à un enfant en garde alternée, c’est un parent qui ne s’oublie pas complètement.

Ça passe par des choses très terre à terre :

Une lectrice m’a écrit : « J’avais honte d’avouer que j’aimais mes mercredis sans les enfants. Aujourd’hui, j’assume : ces moments-là me permettent d’être une meilleure maman quand ils sont là. Je dors, je lis, je vois des amies. Je recharge. »

La coparentalité, ce n’est pas faire semblant que tout va bien tout le temps. C’est faire de son mieux, avec ce qu’on a, et ajuster en cours de route.

Si vous deviez retenir quelques idées pour les prochaines semaines :

Et surtout : vous avez le droit de tâtonner. Les familles belges que j’ai rencontrées n’ont pas trouvé « la bonne formule » du premier coup. Elles ont essayé, raté, réajusté. L’essentiel, c’est de garder votre enfant au centre de la table, pas vos conflits.

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